La tragédie du vengeur
de Thomas Middleton
Création Février 2012 – Le Quai Centre Dramatique National Angers
Mise en scène, scénographie et costumes : JF Auguste
Avec : Jean-Noël Lefèvre, Anthony Pallioti, Philippe Smith, Pierre Maillet, Benjamin Monnier, Matthieu Cruciani, Gérald Weingand, Jean-François Auguste
Musique : Romain Crivellari
Lumières : Maryse Gauthier
Production
For Happy People & Co
Co-production
Le Quai Nouveau Théâtre d’Angers CDN, La Ferme du Buisson/SN de Marne La Vallée. Avec l’aide à la création du CG77. Avec la participation du JTN
« La tragédie du vengeur » est depuis longtemps reconnue comme une œuvre dramatique donnant la réplique aux plus grands élisabéthains, notamment Shakespeare. Le thème de la vengeance est un pastiche de Hamlet.
La première qualité de l’œuvre de Thomas Middleton, c’est sa stupéfiante rapidité. Le départ de la pièce est foudroyant. En une cinquantaine de vers la corruption, le crime, et la soif de vengeance se déversent sur le plateau. L’univers baroque, la référence aux vanités, l’absurdité, l’atrocité et l’invraisemblance des situations viennent servir la puissance poétique de cette histoire. Contrairement à ce qui se passe dans les habituelles tragédies de la vengeance, la pièce se focalise sur les atrocités du châtiment sanglant.
Ici l’auteur n’accumule pas sur le chemin du vengeur les incidents dilatoires qui retardent ses coups décisifs, mais les obstacles s’écartent sur son passage, les victimes viennent au-devant de lui, ses combinaisons s’échafaudent en même temps qu’il agit : d’où ces coups de théâtre foudroyants, qui excluent le délai de la réflexion pour les personnages. C’est une oeuvre au service des acteurs et des spectateurs. Aussi bien par sa structure (tout est action et jeu de rôle) que par ses thèmes (le pouvoir, l’argent, le sexe, la mort, l’absence de justice…).
Un univers répugnant diront certains, fascinant pour d‘autres, mais il n’est guère d’atrocités de théâtre dont on ne puisse retrouver l’original dans le réel… Nous espérons pouvoir en rire…Happy people ! Appréhender cette pièce comme une partition de mouvements. Une phrase chorégraphique.Mettre en scène le mouvement de la vengeance par le mouvement des corps traversés par ces passions : vengeance, luxure, colère, meurtre…etc dans un espace vide, un plateau nu et faire confiance à la puissance évocatrice des mots pour créer les espaces avec seulement un objet pour chaque lieu évoqué dans la pièce, soutenu par des directions et des ambiances de lumière.
Comprendre comment le corps de ces huit acteurs (distribution exclusivement masculine) peut être modifié par ces passions : révéler l’organicité de ces passions non par le psychologique mais par le corps : comment les respirations et donc la voix, la diction et la fluidité du texte peuvent être contaminé par ces enjeux. S’appuyer sur ce concret pour dire les mots. Le corps des acteurs devient alors machine à expulser, susurrer, souffler, mâcher les mots. Au centre de la mise la scène donc, des corps : la peau, la chair, le corps offert, caressé, cajolé (la Duchesse et le bâtard), le corps maltraité, malmené, découpé, battu (Graciaza, le Duc, le fils cadet), le corps épuisé, le corps en lutte, le corps à bout…le corps et ses limites : la mort.